Chers lecteurs, chères lectrices,
C’est le cœur un peu serré que je reprends après plusieurs semaines d’absence ma plume virtuelle pour écrire ce qui, je le crains, sera l’un des derniers articles de ce blog. Comme certains d’entre vous le savent déjà, Eliana et moi rentrons en France à la fin du mois, le 27 octobre exactement, pour des raisons que vous connaissez par cœur et qu’il serait vain de ressasser.
Malgré le sentiment d’inaccompli que suscite encore chez moi ce retour prématuré, je dois bien reconnaître qu’il n’aura pas eu que des inconvénients. En effet, si l’un d’entre nous avait décroché un poste au Canada, nous n’aurions probablement jamais eu l’occasion d’effectuer l’inoubliable séjour de près de trois semaines aux États-Unis dont nous sommes fraîchement rentrés et qu’il me tardait de vous raconter. En voici donc le récit.
Après avoir passé un après-midi à boucler nos valises et à glaner de précieuses informations sur les attractions touristiques majeures qu’offrait notre première destination, la ville de New York, nous nous sommes couchés le soir du 29 septembre aux alentours de minuit. Nous étions debout le lendemain dès l’aurore puisque nous devions rejoindre la gare routière, située à plusieurs kilomètres de l’appartement, et être à l’heure pour notre premier bus en direction de Montréal, dont le départ était prévu à sept heures du matin. Une fois installés à bord du second car en partance de Montréal et à destination de New York, pas moins de douze heures de trajet et quelque 800 kilomètres de route nous attendaient. Confortablement assis dans les grands sièges de cuir noir avec à disposition prises électriques et connexion wifi gratuite, la perspective d’un interminable voyage devenait vite bien moins terrifiante, même si nous avons passé plusieurs heures derrière deux grandes perches scandinaves (à en juger par leur drôle de langue) légèrement trop babillardes.
Nous sommes arrivés en gare de Port Authority à New York vers 20 heures. Je suis descendu du car après Eliana, et me suis instinctivement dirigé vers la sortie, le sac à dos à l’épaule, animé de l’enthousiasme d’un môme qui pénètre dans un grand magasin de jouets. J’ai cherché Eliana mais ne la trouvais nulle part. Où était-elle donc passée ? Après une minute d’intense réflexion, un éclair de bon sens m’a traversé l’esprit. Je me suis retourné et l’ai aperçue quelques mètres derrière moi, en train d’attendre avec les autres passagers que l’on sorte nos valises de la soute. Mon regard a croisé le sien et elle a ri. Pour ma défense, les douze heures de route que nous venions d’effectuer m’avaient littéralement anesthésié la cervelle. Quoi qu’il en soit, je l’ai encore une fois remerciée d’être restée sur Terre tandis que je vagabondais sur je ne sais quelle planète.
Une fois passé cet épisode fâcheux, nous avons pris le métro new-yorkais pour nous rendre à l’appartement de mon oncle, de ma marraine et de leurs deux enfants, situé au nord-est de Manhattan, sur la Cinquième Avenue. Évidemment, nous n’avions pas cru opportun de prendre quelques minutes pour étudier une carte de métro et sommes montés précipitamment à bord de la première rame que nous espérions être la bonne, après avoir fait la queue pendant un quart d’heure pour acheter une fichue carte de métro, censée fonctionner pour deux personnes et qui ne marchait bien entendu que pour une seule. À bout de patience et d’énergie, j’ai resquillé en espérant qu’aucun policier new-yorkais de 2 mètres de haut et 130 kilos ne s’apprête à me gratifier d’un coup de matraque sur la citrouille quelques mètres plus loin. Pas cette fois. En revanche, nous sommes tombés sur un remarquable spectacle de hip-hop qui signait d’emblée le style unique d’une ville à l’énergie et au dynamisme légendaires. Après deux bonnes heures passées à nous perdre dans les dédales souterrains du métro, nous sommes enfin parvenus à destination. Une fois sortis du métro, nous avons traîné nos valises sous une pluie battante, hébétés de fatigue, le long des trois pâtés de maisons qui nous séparaient de l’appartement. Nous avons été chaleureusement accueillis par la grand-mère des enfants (les parents étaient absents), qui nous a fait visiter l’immense et magnifique appartement où nous allions séjourner pendant une semaine.
Le lendemain, après une nuit de sommeil bien méritée, nous avons eu droit à un copieux petit-déjeuner en compagnie de ma petite famille, que nous n’avions pas eu l’occasion de voir la veille. Après quatre mois à Ottawa, loin de tous, sans famille ni amis, ces retrouvailles nous ont remplis de joie. Nous avons passé la matinée à discuter, à nous reposer et à nous organiser pour les jours à venir. Nos hôtes nous ont généreusement invités à déjeuner dans un excellent restaurant japonais qu’ils affectionnent particulièrement et que nous avons également beaucoup apprécié. Après ce succulent repas, nous avons visité Wall Street et le quartier financier, au sud de Manhattan, où nous avons eu la chance de voir défiler en ordre de bataille les Indignés du mouvement Occupy Wall Street, qui faisaient entendre leur colère aux responsables – sans doute sourds et indifférents – de la déliquescence de l’économie mondiale. Nous avons ensuite visité le très animé South Seaport, en contrebas du célèbre Brooklyn Bridge, où nous avons déambulé, pris des photos, flâné le long d’étals de vendeurs de camelotes de contrebande et humé l’air revigorant de l’océan. Nous gardons un heureux souvenir de l’ambiance électrique qui régnait sur ce front de mer très bien aménagé, où se côtoient des hordes de touristes et d’autochtones dans quantité de petits restaurants de fruits de mer et de boutiques de mode hors de prix. Nous sommes ensuite repartis en direction du quartier financier. Sur le chemin, nous sommes entrés dans un magasin Abercrombie & Fitch, antre de l’urban streetwear new-yorkais, et en sommes bien vite ressortis, dissuadés par les prix notoirement extravagants de la marque. Nous avons poursuivi notre chemin, procédé à quelques modestes achats (Eliana a complété sa vaste collection de cartes postales) et nous sommes rendus à Ground Zero, dont le mémorial n’est malheureusement accessible au public que sur réservation. Nous avons tout de même pu photographier une grande plaque de bronze au pied de laquelle ont été déposées des gerbes de fleur à la mémoire des victimes du 11-Septembre. Ensuite, nous avons marché jusqu’au célèbre magasin Century 21, qui propose d’anciennes collections de vêtements à des prix très abordables, et où je me suis offert une nouvelle paire de chaussures pour une bouchée de pain.
Cet achat ne m’a cependant pas épargné une intense douleur aux pieds, partagée par Eliana après cette longue journée de découvertes. Nous avons pris le métro en début de soirée et avons dîné avec ma famille avant de repartir en direction du Brooklyn Bridge où nous avions rendez-vous avec Chloé, une bonne amie de l’ISIT qui a la chance de vivre et de travailler dans la Grosse Pomme depuis maintenant plusieurs mois. Les bourrasques de vent froid et la bruine n’ont en rien entamé le plaisir de notre merveilleuse promenade sur ce pont mythique qui, notamment la nuit, offre une vue majestueuse sur l’incomparable skyline new-yorkaise.
Le lendemain, nous nous sommes réveillés relativement tôt pour assister à une messe gospel à Harlem, parmi les plus réputées de New York, celle de la Canaan Baptist Church. Croyant, comme il était indiqué, que la représentation débutait à 9h30, nous avons pris un taxi et sommes arrivés aux alentours de 9h devant l’église, qui ressemblait d’ailleurs davantage à un petit théâtre de banlieue décrépit qu’à un lieu de culte digne de ce nom. Seules quelques personnes attendaient devant l’entrée. Il s’est avéré que la messe commençait en réalité à 11h, et non pas à 9h30. Mais ce fut un mal pour un bien, dans la mesure où une longue file de touristes et de fidèles commençait à se former derrière nous, jusqu’à atteindre plusieurs dizaines de mètres. À l’ouverture des portes, elle s’étendait à perte de vue et nous prenions toute la mesure du succès que connaît la messe gospel à New York et de la curiosité qu’elle inspire aux touristes. Un succès parfaitement justifié et amplement mérité : nous étions subjugués par la beauté et l’intensité des chants, séduit par l’originalité de cette forme d’adoration qui contraste si agréablement avec le caractère ennuyeux d’une messe chrétienne ordinaire, même si cela peut en dérouter certains, comme cette chanteuse qui, à une vingtaine de reprises, hurlait « Thank you God ! » à en faire trembler les murs. Au moins, on ne peut pas leur reprocher de manquer de ferveur. Nous aurions aimé agrémenter ce blog de quelques photos, mais il était malheureusement formellement défendu de filmer ou de photographier les chanteurs, pour une raison que j’ignore.
Une fois la messe terminée, nous sommes repartis déjeuner à l’appartement, après quoi mon oncle et ma marraine nous ont proposé une balade en ville. Nous avons arpenté la fastueuse Cinquième Avenue jusqu’au sud de Central Park, en face du célèbre hôtel Plaza d’où partent les promenades romantiques en calèches. Nous avons poursuivi notre visite de la Cinquième Avenue, où défilait une interminable et assourdissante parade aux couleurs de la Pologne, dont nous n’avons pas bien compris l’objectif. Un peu plus loin, nous avons pénétré dans le paradis des amoureux du Lego, j’ai nommé Lego World, situé juste en face du Rockefeller Center, où se dresse à Noël le célèbre sapin géant à côté de la grande patinoire rendue célèbre par de nombreux films. Après cette visite, nous sommes repartis en direction de la magnifique gare de Grand Central, où nous avons déambulé pendant une demi-heure après en avoir découvert l’une des nombreuses curiosités, la Whispering Gallery (arcs-boutants communicants) : demandez à un ami de se placer à une extrémité de l’arche, de vous susurrer un mot, et vous l’entendrez comme s’il était juste à côté, en dépit du vacarme ambiant et alors même qu’il se trouve à plusieurs mètres. Nous avons ensuite visité le marché intérieur, sommes ressortis et avons faits quelques modestes achats dans un petit magasin discret vendant des mini-cupcakes réputés comme étant les meilleurs de toute la ville.
Non contents d’avoir cédé à la gourmandise une première fois, nous sommes aussitôt repartis en direction de Dylan’s Candy Shop, la Mecque des sucreries en tout genre où nous avons acheté deux sachets de bonbons bien chimiques. Après être rentrés dîner, nous sommes ressortis pour visiter Times Square et Broadway de nuit. Ceux qui y sont allés le savent : ce centre névralgique de New York est un lieu magique, où les panneaux lumineux sont si nombreux et si concentrés qu’ils projettent un halo de lumière bleue visible à plusieurs kilomètres de distance. Ayant entendu parler de M&M’s World, un magasin de plusieurs étages situé en plein cœur de Times Square et dédié uniquement au produit éponyme, nous avons décidé de nous y rendre. Nous ne fûmes pas déçus : à peine entrés, d’immenses colonnes remplies à ras-bord de M&Ms de toutes les couleurs se dressaient devant nos yeux et des vendeurs déguisés en M&Ms se mêlaient à une foule toujours compacte, le jour comme la nuit. Nous avons même assisté à un battle de hip-hop entre un M&M bleu et un M&M jaune… Où, si ce n’est à New York, trouve-t-on un spectacle aussi insolite ? Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Times Square est un lieu unique au monde.
Le lundi matin, nous avons fait une grasse matinée dont nous avions grandement besoin après ces journées bien chargées. En début d’après-midi, nous sommes partis visiter la High Line, promenade de verdure surélevée sillonnant une partie du sud-ouest de Manhattan. Malgré une météo résolument morose, et même si nous avions imaginé une promenade bien plus longue, ce bijou d’architecture urbaine avant-gardiste nous a beaucoup plu. Peu après cette visite, nous sommes allés à Chinatown, en passant par Little Italy. Si nous avons beaucoup aimé Chinatown, nous fûmes déçus par la petitesse et l’intérêt modéré de Little Italy, dont nous avons appris qu’elle tendait à disparaître au profit du quartier chinois, qui s’étend de manière inexorable. Nous avions prévu de dîner dans un petit resto italien, mais l’incessant racolage des professionnels du spaghetti plantés comme des piquets devant l’entrée de chacun des restaurants nous en a vite dissuadés. Nous avons fini par manger chinois non loin de là, dans un petit restaurant très agréable. Après le repas, nous avons flâné dans les quartiers de NoLita, SoHo et NoHo, puis jusqu’au Washington Square Park en passant par le campus de l’Université de New York. En tout, nous avons marché pendant plus de sept heures. Nos pieds nous en voulaient terriblement et nous n’étions pas mécontents de retrouver notre grand lit douillet.
Le lendemain matin, le réveil fut clément car tardif. Vers midi, nous sommes partis rejoindre ma marraine à l’Ambassade de France où elle travaille, dans un élégant bâtiment fièrement situé sur la Cinquième Avenue, à quelques pâtés de maison de l’appartement. Après avoir patienté quelques instants dans le majestueux hall d’entrée, nous sommes montés à l’étage pour visiter son bureau et, ainsi, mieux se figurer en quoi consiste sa mission et à quoi ressemble son quotidien. Nous avons ensuite quitté l’Ambassade et sommes partis déjeuner dans un petit restaurant Eat où elle a coutume de se rendre le midi. Une fois ma chère marraine repartie se mettre à l’ouvrage, Eliana et moi avons décidé de nous promener dans Central Park, qui longe sur son flanc est la Cinquième Avenue. Nous avons marché une bonne heure et pris bon nombre de photos. Après cette petite balade, nous devions aller chercher mon petit cousin à la descente du school bus, à deux pas de l’appartement. Nous avons donc passé quelques heures avec lui, et tandis qu’Eliana s’accordait quelques instants de répit, le petiot m’a traîné dans sa chambre pour me défier à l’épée laser Star Wars. Je crois avoir gagné la partie, même si je suis ressorti de ce féroce duel la poitrine haletante et le pouce tuméfié.
Après le retour des parents, nous sommes partis visiter l’Empire State Building en début de soirée. La queue, comme à chaque fois, était interminable mais en valait la peine, puisque la vue sur la Grosse Pomme depuis le sommet de cet immense gratte-ciel est vraiment époustouflante. Toutefois, si l’on souhaite effectuer cette visite en automne et, à plus forte raison en hiver, il convient de s’habiller chaudement car, une fois là-haut, on comprend mieux ce que doit ressentir un sans-abri cul nu au fin fond de la toundra sibérienne : le vent souffle deux fois plus fort, et la température semble réduite de moitié. Quoi qu’il en soit, la vue sur la ville et ses lumières était sublime. En redescendant, nous avons acheté quelques souvenirs puis sommes allés dîner au Corner Bistro, un « diner » typique et très réputé de Chelsea où nous avons dévoré un délicieux hamburger-frites après avoir attendu une demi-heure qu’une place daigne se libérer. Cette belle journée s’est achevée par une indispensable promenade digestive.
Le mercredi, nous avons visité quelques attractions touristiques incontournables, en commençant par la Statue de la Liberté et Ellis Island. Nous avons fait la queue une bonne heure avant de pouvoir monter à bord du ferry mais, comme il faisait un temps radieux, l’attente fut douce. En fin d’après-midi, nous avons mangé un repas rapide sur Ellis Island, dont nous n’avions pas le temps de visiter le célèbre musée de l’immigration, le dernier ferry vers la côte étant prévu à 17 heures.
Une fois de retour sur la pointe sud de Manhattan, nous avons entamé notre promenade le long de Battery Park, une bande de verdure aménagée pour les piétons, les joggers et les cyclistes le long de la côte sud-ouest de Manhattan et offrant une vue imprenable sur la skyline du New-Jersey, de l’autre côté de l’Hudson River. Le Battery Park compte à nos yeux parmi les endroits les plus remarquables de la ville, d’autant plus que nous l’avons arpenté au soleil couchant, ce qui conférait au lieu un charme inexprimable. Assis sur l’un des nombreux bancs disposés le long de la promenade à observer les bateaux de plaisance quitter nonchalamment le petit port cerné de gratte-ciels, on se demande s’il est possible de se lasser un jour de la magie de cette ville. Après avoir avalé, encore une fois, un hamburger (végétarien cette fois) avec mon oncle, ses enfants, un de ses cousins et sa copine fraîchement débarqués à New York pour deux semaines de visite, Eliana et moi sommes repartis, infatigables, visiter Columbus Circle et son joli rond-point illuminé. C’est là que se trouvent certains des hôtels les plus luxueux de la ville mais également le fameux Time Warner Center, où l’on croise souvent les célébrités locales.
Le lendemain, nous nous sommes reposés toute la matinée et avons passé un certain temps à réserver nos tickets de bus pour notre voyage au nord de l’État de New York, prévu le dimanche. En milieu d’après-midi, nous sommes retournés visiter Central Park, plus longuement cette fois. Nous avons fait une belle balade autour du Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, une vaste étendue d’eau autour de laquelle galopent les joggers new-yorkais. Nous avons poursuivi notre chemin en direction d’un charmant petit étang où voguent paisiblement quelques barques remplies d’amoureux, de touristes ou de Wall Street boys encore en costume s’accordant un bref intermède de sérénité avant de retourner parier sur l’effondrement de la finance mondiale. À la tombée de la nuit, nous avons marché jusqu’à la mosaïque où est inscrit le mot « Imagine », réalisée en l’honneur de feu John Lennon, abattu par un fou furieux à Central Park en 1980. Nous sommes ensuite repartis faire quelques emplettes à Wall Street puis avons dîné dans un restaurant Subway avant de regagner notre appartement.
Vendredi, nous avons commencé la journée par les quartiers généraux de l’ONU. Eliana en a fait la visite guidée seule, car je l’avais déjà effectuée en 2006 lors d’un voyage linguistique avec un ami. Après avoir mangé un repas frugal dans un petit snack-bar et avoir fait le tour de la boutique de souvenirs, nous avons rejoint Chloé et Claire, une autre amie d’Eliana également installée à New York, pour prendre quelques photos et déguster un délicieux cheesecake à Grand Central. Eliana souhaitait faire du lèche-vitrine avec Claire, mais comme cette activité ne suscite chez moi qu’un intérêt limité, j’ai préféré rentrer un peu plus tôt à l’appartement. Eliana m’y a rejoint pour le dîner quelques heures plus tard, et nous avons passé le reste de la soirée à papoter en famille.
Une bonne partie de la journée de samedi fut consacrée à la préparation de notre voyage en car à Oswego pour ma part et Utica pour Eliana. Après avoir déjeuné en famille à l’appartement, nous sommes partis avec mon oncle, ma marraine et leurs enfants visiter Greenwich Village, un quartier très animé au charme irrésistible. Nous y avons même croisé l’acteur Jean Reno et sa famille, mais avons résisté à la tentation de lui demander un autographe car il portait une casquette et des lunettes noires, sans doute pour signifier sa réticence à subir les assauts d’une bande de Gaulois hystériques. Nous nous sommes consolés de cette frustration en dégustant une succulente glace à l’italienne puis en achetant quelques ineptes souvenirs. J’ai craqué pour un tee-shirt portant l’inscription « Fuck you, you fucking fuck », que je n’ai pour l’heure pas eu le cran d’arborer ailleurs que dans ma salle de bain. Après avoir continué la visite tous les deux, Eliana et moi avons rejoint ma famille dans un restaurant haut-de-gamme perché au neuvième étage d’une tour surplombant le Columbus Circle, Broadway et Central Park, où mon oncle et ma marraine nous ont généreusement invités. Les plats étaient délicieux, la vue à couper le souffle. Que demander de plus ?
Dimanche, tout était prêt pour notre départ vers Oswego et Utica en début d’après-midi. Tout ou presque, puisque nous nous sommes rendu compte un peu tardivement que nous n’avions imprimé qu’une partie de nos deux tickets. Ni une ni deux, mon oncle et moi avons sauté dans un taxi jusqu'à l'imprimerie la plus proche et sommes revenus à temps pour dire au revoir à tout le monde, non sans une pointe de mélancolie. Arrivés à la gare de Port Authority, Eliana et moi nous sommes séparés pour prendre chacun un car différent, moi jusqu’à Syracuse où mon ami Peter devait venir me chercher, Eliana en direction de Utica.
Ce récit étant déjà bien long, permettez-moi de vous raconter la deuxième partie de notre périple dans un article séparé, à paraître très bientôt.
Encore une fois, et au risque de me répéter, merci de votre fidélité.
Eliana & François
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Dear readers,
With a heavy heart, I once again grasp my virtual pen after several weeks' absence to write what I'm afraid will be one of the last articles of this blog. As some of you already know, Eliana and I are coming back to France at the end of this month, on October 27 to be precise, for reasons that you already know well enough and which it would be vain to keep harping on about.
Despite the frustration that our early return continues to cause me, this turn of events certainly hasn't been devoid of advantages. If one of us had been offered a job in Canada, we presumably would never have had the opportunity to make the unforgettable 3-week trip in the US that we recently returned from and which I was so impatient to tell you all about.
After having spent the afternoon packing our stuff and gleaning some valuable information about the main tourist attractions of our first destination, New York City, we went to bed around midnight on the night of Sept. 29. We were up at dawn, as we needed to reach the bus station, several kilometers from the apartment, early enough to catch our first coach to Montreal, scheduled to depart at 7 am. Once onboard the second coach from Montreal to NYC, no less than twelve hours and some 800 kilometers on the road awaited us. Comfortably ensconced in large leather seats with power plugs and complimentary wifi at our disposal, the prospect of an endless journey soon became far less terrifying, even though we spent too many hours seated behind a pair of presumably Scandinavian beanpoles (judging from their funny language) with an annoying propensity for loud chatter.
We pulled into Port Authority Station in NYC at about 8 pm. I followed Eliana off the coach and instinctively headed towards the exit, with my backpack slung over my shoulder and the excitement of a kid stepping into an enormous toy store. I looked for Eliana but couldn't find her anywhere. Where was she? After a minute of intense thinking, a flash of insight came into my mind. I turned around and spotted her a couple of yards behind, waiting with the rest of the passengers for our luggage to be taken out of the hold. Our eyes met and she laughed. In my defense, the twelve-hour journey we had just made had completely anesthetized my brain. In any case, I thanked her again for remaining on Earth while I was wandering on God knows what planet.
Once this unfortunate episode was over, we took the New York subway to the apartment of my uncle, godmother and their two children, located in the north-eastern part of town, on Fifth Avenue. Of course, we didn't think fit to take a few minutes to consult a subway map and hopped aboard the first train we hoped was bound in our direction, after having waited in line for fifteen minutes to get a stupid metro card supposed to work for two passengers and which, predictably, only worked for one. By that time, I had run out of patience and energy and jumped the turnstile in the hope that no humongous NYPD officer was readying himself to give me a taste of his truncheon a few yards down the way. Not this time. However, we did come across an outstanding hip-hop performance that heralded the unique style of a city whose energy and vibrancy have become legendary. After two solid hours spent trying to find our way around the subterranean maze of the subway, we finally arrived at our destination. After having climbed the stairs out onto the street, we dragged our suitcases under pelting rain, numb with fatigue, along the three blocks separating us from the apartment. As their parents were away that night, we were warmly welcomed by the kids' grandmother, who showed us around the beautiful and spacious apartment where we would stay for a week.
The following day, after a well-earned night's sleep, we woke up to a hearty breakfast with my beloved family, whom we hadn't had the occasion to see the night before. After four months in Ottawa, far from everybody, without any family or friends to support us, the sight of familiar faces filled us both with joy. We spent the morning talking, resting and organizing ourselves for the days to come. Our hosts generously invited us over to a delicious Japanese restaurant that they both enjoy and which we liked a great deal too. After this palatable meal, we visited Wall Street and the downtown financial district, where we got to watch protesters from the Occupy Wall Street movement demonstrate in battle order against those - doubtless indifferent and deaf - responsible for the worldwide economic meltdown. We then went on to visit the very busy South Seaport below the famous Brooklyn Bridge. There, we wandered, took pictures, walked along the stalls of contraband junk vendors and breathed in the bracing ocean breeze. Eliana and I share a wonderful memory of the electric atmosphere pervading this well-fitted seafront where hordes of tourists and natives mingle in countless small seafood restaurants and overpriced fashion boutiques. Later, we headed back toward the financial district. On the way there, we came upon and decided to venture into an Abercrombie & Fitch retailer, the paradise of New York urban streetwear, but came running back out, deterred by the brand's notoriously steep prices. We continued on our way, made a few small purchases (Eliana completed her extensive collection of postcards) and went to Ground Zero, whose memorial we learned could only be accessed by those with a reservation. We did, however, photograph a large bronze plaque with a handful of wreaths laid there to the memory of the victims of the 9/11 attacks. Then, we made our way to Century 21, a store that sells old clothes for very affordable prices, where I bought myself a new pair of shoes for a song.
This purchase did not, however, ease the excruciating foot pain Eliana and I felt after this long day of discovery. We caught the subway in early evening and ate dinner with my family before heading back out to Brooklyn Bridge where we had planned to meet Chloé, a good friend from ISIT who is lucky enough to have been living and working in the Big Apple for several months now. The gusts of cold wind and persistent drizzle did by no means mar the enjoyment of our marvelous stroll on this peerless bridge which, especially at night, affords a breathtaking view over the unmatched New York skyline.
The day after, we awoke relatively early to attend the Canaan Baptist Church mass in Harlem, one of the most well-known gospel masses in all of New York. Since we believed, as was indicated, that the ceremony started at 9:30 am, we took a cab and arrived around 9 in front of the church, which by the way looked more like a small decrepit suburban theater than an actual place of worship. It turned out that mass began at 11 rather than 9:30. Little did it matter, though, as a long line was beginning to form behind us, until it reached several dozen meters. When the doors opened, it stretched as far back as the eye could see and we realized just how successful gospel mass is in NYC, among locals as well as tourists. This success seemed perfectly justified and rightfully deserved: we were overwhelmed by the sheer beauty and intensity of the singing, won over by the originality of this kind of worship, which provides such a welcome departure from the wearisome character of ordinary Christian mass, even though some may find certain aspects of it puzzling, such as this singer who kept yelling "Thank you God" at the top of her lungs something like twenty times in a row. At least, one can't say gospel choirs lack religious fervor. We would have loved to add a couple of pictures of the congregation to this blog but filming and photographing the singers was strictly prohibited, for reasons that we didn't know.
When mass came to an end, we went home for lunch, after which my uncle and godmother proposed that we take a stroll together in the city. We walked as far down the sumptuous Fifth Avenue as the entrance to Central Park, across from the famous Plaza hotel, where romantic tours in horse-drawn carriages depart. We continued our visit of Fifth Avenue, where an endless and deafening Polish parade was being held. Don't ask me what the point of this parade was, I have no clue. A little farther, we visited Lego World, the paradise of Lego lovers, facing Rockefeller Center, where the famous giant Christmas tree stands next to the big skating rink made famous by numerous movies. After that, we marched to the magnificent Grand Central station, where we meandered for a half-hour and discovered one of its countless wonders, namely the Whispering Gallery: ask a friend to stand at the other end of one of the flying buttresses, to whisper a word to you, and you'll hear him or her as though he or she were standing right next to you, despite the din and distance between you. We went on to visit the indoor market, came out and bought some delicacies in an unpretentious shop selling mini-cupcakes that are said to be the best in town.
Not content with having yielded to temptation once, we carried on to Dylan's Candy Shop, the Mecca for sweet things of all kinds where we bought two bags full of candies. After having had dinner at home, we headed back out to visit Times Square and Broadway by night. Those who have been there know it: Times Square, the pulsating heart of the City, is a magical place where illuminated signs cast a blue gleam of light visible that can be seen kilometers away. As we had heard talk of M&M's world, a 2-storey store located at the heart of Times Square and entirely dedicated to the eponymous product, we decided to take a look inside, to our greatest satisfaction: no sooner had we passed through the door than huge transparent tubes filled to the top with M&Ms of all colors rose before our eyes while salespeople dressed up as M&Ms mingled with a crowd that, even past midnight, was still teeming. We even saw a hip-hop battle pitting a blue M&M's against a yellow one. Where, but in New York City, can one expect to witness such an unwonted spectacle? Whether you love or hate it, there is no place in the world like Times Square.
On Monday morning, we had a much-needed lie-in after several very busy days. In early afternoon, we went to visit the High Line, a promenade of greenery winding its way above ground level through a portion of the south-west of Manhattan. In spite of decidedly gloomy weather, and even though we had imagined a far longer promenade, this feat of avant-garde urban architecture greatly appealed to us. Soon after this visit, we went through Little Italy to Chinatown. Though we thoroughly enjoyed the latter, we were disappointed by how tiny and uninspiring the former was. We learned that Little Italy was increasingly overrun by the Chinese quarter, which sprawls out inexorably. We had planned to grab dinner in a small Italian restaurant but the incessant touting by spaghetti experts planted like flagpoles in front of each restaurant quickly dissuaded us. We ended up eating in a very enjoyable Chinese place nearby. After our meal, we roamed the streets of NoLita, SoHo and NoHo all the way through the University of New York to Washington Square Park. Overall, we walked for over seven hours straight. Our feet were really mad at us and lying on our large comfy bed felt heavenly.
The following morning, we woke up late again. We left around noon to meet up with my godmother at the French Embassy where she works, in an elegant building sitting proudly on Fifth Avenue, a couple of blocks from the apartment. After waiting a few moments in a stately lobby, we ascended the stairs to the first floor to see her office and get a better idea of what her job and daily life look like. Then, we left the Embassy and ate lunch in a small joint where she usually goes for lunch. Once my dear godmother was back at work, Eliana and I decided to take a walk in Central Park, whose east side runs along the length of Fifth Avenue. We walked for an hour or so and snapped a ton of pictures, after which we were supposed to pick up my little cousin from school, a stone's throw from the apartment. We spent a few hours with him and, as Eliana was enjoying a moment's respite, the little rascal forcibly dragged me to his room and challenged me to a Star Wars laser sword duel. I think I won the battle, although I left the battlefield with a pounding heart and a wounded thumb.
After the return of the parents, we went out to visit the Empire State Building in early evening. The queue, as always, was endless but worth the wait, as the view over the Big Apple from the top of this towering skyscraper was truly stunning. However, if you'd like to do this in the fall, and more so in the winter, you might want to dress warmly because, once you're up there, you'll get a good idea of what a bare-ass hobo in the middle of the Siberian tundra must feel: the wind blows twice as hard and the temperature seems twice as cold. At any rate, the view over the city and its lights was splendid. On our way back down, we bought a few souvenirs and went to eat at the Corner Bistro, a typical and well-liked Chelsea diner where we gobbled up a delicious hamburger after having waited half an hour for a table to become available. This beautiful day ended with a sorely needed after-meal stroll.
On Wednesday, we did some must-see tourist attractions, starting with the Statue of Liberty and Ellis Island. We stood in line for a solid hour before we could step onboard the ferry but the lovely weather made the wait acceptable. In late afternoon, we grabbed a quick meal on Ellis Island, whose famous museum of immigration we didn't have time to visit, as the last ferry to the shore was scheduled at 5 pm. Once we were back on the southern tip of Manhattan, we started walking up Battery Park, an expanse of greenery along the south-western coast of Manhattan destined to accommodate pedestrians, joggers and cyclists. Battery Park offers a commanding view of the New Jersey skyline on the other side of the Hudson River and ranks among what we believe to be the most remarkable places in New York, especially at sunset, which gives it added charm. Sitting on one of the many benches along the promenade and watching pleasure boats drifting lazily out of a harbor hemmed in by skyscrapers gets you wondering who could ever grow weary of this city's magical appeal. After having swallowed yet another hamburger (vegetarian this time!) with my uncle, his two kids, one of his cousins and his girlfriend who had just arrived in NYC for two weeks, Eliana and I left, tireless, to visit Columbus Circle and its pretty illuminated roundabout. This is where some of New York's most luxurious hotels, as well as the famous Time Warner Center and plenty of local celebrities are to be found.
The following morning, we slept in and spent a fair amount of time buying our bus tickets for our upcoming journey to upstate New York, on Sunday. In mid-afternoon, we went back to visit Central Park, this time more thoroughly. We took a nice stroll around Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, a large area of water around which New York joggers like to run. Then we went to a cute little pond where small boats were peacefully paddled to and fro by lovers, tourists and Wall Street boys enjoying a brief interlude of serenity before going back to wager on the world's financial collapse. At nightfall, we marched up to the mosaic bearing the word "Imagine" in tribute to John Lennon, who was murdered in Central Park by a lunatic in 1980. Later, we went back for some shopping in Wall Street and dined in a Subway restaurant before heading back to our apartment.
On Friday, we started with the UN headquarters. Eliana went on a guided tour on her own, as I had already done this in 2006 during a language trip to New York with a friend. After having eaten a frugal meal in a small snack bar and visited the souvenir shop, we joined Chloe and Claire, another friend of Eliana's who also lives in NYC, to take a few pictures and relish a yummy cheesecake in Grand Central. Eliana wanted to go shopping with Claire, but as I only have a very limited interest in this activity, I elected to go home a little early. Eliana got back a couple of hours later and we spent the night together, chewing the fat with the rest of the family.
The better part of Saturday was spent preparing our bus trip to Oswego for my part and Utica for Eliana. After having breakfast together at the apartment, we went out with my uncle, my godmother and their children to visit Greenwich Village, a very busy neighborhood of irresistible charm. We even ran into French actor Jean Reno and his family, but resisted the temptation to ask him for an autograph because he was wearing a hat and dark glasses, no doubt to show his reluctance to be harassed by a bunch of hysterical French people. We alleviated our frustration by eating lip-smacking Italian ice cream then buying a few totally useless souvenirs, such as a t-shirt emblazoned with the words "Fuck you, you fucking fuck!", which I haven't yet had the guts to sport anywhere but in my bathroom. After having continued our tour for a bit, Eliana and I joined my family in an upscale restaurant nestled on the 9th floor of a high-rise overlooking Columbus Circle, Broadway and Central Park, where my uncle and godmother kindly invited us for dinner. The food was amazing, the view breathtaking, and we felt blessed.
On Sunday, everything was ready for our departure to Oswego and Utica in early afternoon. Almost everything: we realized a little late that we had only printed one part of our two tickets. My uncle and I didn't waste a second, bolted out and rode a cab to the nearest printing shop. We came back in time to say goodbye to everyone. At Port Authority Station, Eliana and I parted ways and took two different coaches, I to Syracuse where my friend Peter was going to pick me up, she to Utica.
This post is long enough as it is, so allow me to recount the second part of our trip in a separate article, to be published very soon.
Again, and even if I repeat myself, thank you for your interest.
Eliana & François